En juillet 1948, les ouvriers extrayant la pierre de taille au fond de l'immense labyrinthe des carrières souterraines de Savonnières furent assez surpris en "crevant" un jour et de façon inattendue la paroi d'un colossal puits naturel, presque cylindrique, de quatre mètres de diamètre et d'une profondeur indiscernable !...

 

Ce n'était d'ailleurs pas la première cavité découverte au cours de l'exploitation mais celle-ci dépassait de loin l'importance des petits puits et fissures rencontrés jusque-là.

 

Le premier étonnement passé, les ouvriers ne se privèrent pas pendant plus d'un an, de jeter dans l'immense abîme, les déchets provenant de la taille de pierre.

 

Le 18 septembre 1949 deux équipes des Ardennes et de Haute Marne se rendirent à Savonnières où ils furent très aimablement reçus par le directeur de l'exploitation et sa famille.

 

Pour se rendre au gouffre, ils empruntèrent (prélude pittoresque et rarement savouré par des spéléologues) le petit train Diesel desservant les chantiers souterrains à travers un indescriptible dédale de salles et galeries aux formes géométriques.

 

A près de deux kilomètres du tunnel d'entrée, la voie ferrée s'arrête au "front de taille" où se trouve le gouffre dont l'ouverture "artificielle" baille dans la paroi de la galerie et dessine une sorte de triangle de 1 mètre de largeur sur 2 de hauteur.

 

Une cascade forme devant l'orifice un léger rideau liquide et provient du véritable sommet de l'abîme, à 5 mètres plus haut, où se voit une cheminée tronconique, aux parois déchiquetées par la corrosion et l'érosion du ruisselet débouchant d'une fissure. Et ce filet d'eau, qui est parfois un torrent grondant, s'engloutit dans le colossal cylindre vertical.

 

Quarante cinq mètres d'échelles furent arrimés aux rails tous proches et assuré par ses collègues, aidé du personnel des carrières spécialement venu à cet effet, une des personnes de l'expédition entreprit, sous la douche glacée, une première descente dans le gouffre. Mais, à une quarantaine de mètres de l'orifice, l'extrémité des échelles pendait encore dans le vide et le fond restait invisible !

 

Et notre collègue, trempé, glacé et fourbu dut remonter. Une expédition d'envergure s'avérait nécessaire.

 

 

ENTREE DE L'ESPERANCE - SAVONNIERES EN PERTHOIS

 

Le 2 octobre 1948, en collaboration avec la section Haut Marnaise de l'A.S.E., nous revenions à l'assaut supputant une sensationnelle découverte !

 

Une seconde fois, la direction des carrières nous prêtait le concours puissant de son matériel et de son personnel dévoué, et le petit train, chargé d'une trentaine de personnes ainsi que d'un important matériel, s'enfonçait dans l'invraisemblable labyrinthe.

 

La direction des carrières avait fait détourner la cascade dans la galerie, grâce à une ingénieuse installation et aménagé un puissant éclairage électrique, de telle sorte que les préparatifs de la descente furent grandement facilités. Deux éléments de voie de 60 juxtaposés et jetés sur l'abîme étaient fixés par un énorme vérin s'appuyant à la voûte de la galerie.

 

Un treuil perfectionné, obligeamment prêté à notre expédition par le président du Spéléo-club Lédonien, fut mis en place à l'extrémité du "pont d'acier" constitué par les éléments de voie, tandis que se préparait l'installation téléphonique.

 

A 11h00 du matin, tout fût prêt et solidement harnaché, surchargé de musettes et de matériel le premier homme se laissait glisser dans le vide.

 

Deux autres personnes, acrobatiquement juchées sur les rails, manoeuvraient le treuil. Une troisième personne était promue au rang de téléphoniste, tandis que le reste de l'équipe, ainsi que le personnel des carrières et quelques personnes dévouées s'employaient à l'assurage et aux diverses manoeuvres.

 

Quelques minutes plus tard, la sonnerie du téléphone retentit et le premier spéléologue annonça qu'il venait "d'atterrir" à plus de 60 mètres plus bas et entrevoyait de hautes salles !

 

En surface (si l'on peut dire ainsi puisque 15 mètres de roches nous séparait du niveau du sol) ce fut la joie et, après mise au point du dispositif, 3 autres personnes descendirent à leur tour, la dernière touchant le fond à 13h00 et entreprenaient l'exploration tout en procédant aux mesures scientifiques et topographiques.

 

Vers 16h30, le petit train ramenait au jour l'expédition au grand complet.

 

 

Les noms des différentes personnes ayant participé à cette expédition ont été volontairement supprimés.

 

 

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